L'ONU décrète le 15 mars journée internationale de lutte contre l'Islamophobie

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Le vendredi 10 mars dernier, à l'issue d'une réunion de commémoration officielle, le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres a inauguré le 15 mars comme Journée internationale de lutte contre l'Islamophobie, avec l'accord du ministre des affaires étrangères de l'Organisation de la coopération Islamique (OCI), Bilawal Bhutto Zardari, afin de souligner la nécessité d'une action concrète face à la montée de la haine, de la violence et de la discrimination envers la communauté musulmane. Une journée déjà adoptée le 15 mars 2022 par les 193 Etats membres de l'ONU, et qui la célèbrent cette année pour la première fois. 

Le choix de cette date du 15 mars marque le triste anniversaire il y a 4 ans du double attentat terroriste islamophobe visant deux mosquées de la ville de Christchurch en Nouvelle Zélande. En effet, le 15 mars 2019, Brenton Tarrant, 32 ans, un militant australien raciste d'extrême droite a pénétré en pleine prière du vendredi dans la mosquée Al Noor et le centre Islamique Linwood dans lesquels il a ouvert le feu causant un véritable carnage et la mort d'une cinquantaine de fidèles dont des enfants, et pas moins de 49 blessés graves. Le 27 août 2020, lors d'un lourd procès où il restera glacial face aux familles des victimes, il écope de la prison à perpétuité sans liberté conditionnelle. Il aura le culot de faire appel de cette décision alors qu'il mérite tout simplement la peine de mort pour ne plus jamais récidiver. Puisse Allah Faire miséricorde aux victimes et les Accueillir en Son vaste Paradis, amin. 

Le visage des victimes du double attentat terroriste islamophobe le 15 mars 2019 à Christchurch (N-Z)

Longtemps associée à la Xénophobie illustrée par le rejet et la peur des étrangers, l'Islamophobie se caractérise par un ensemble de propos, d'interventions et d'actes volontaires discriminatoires, suscitant hostilité et intolérance envers un individu en raison de sa foi islamique. L'auteur islamophobe peut être "Motivé par une hostilité institutionnelle, idéologique, politique et religieuse qui peut se transformer en racisme structurel et culturel" , en ce sens, "l’islamophobie cible les symboles et les pratiquants de la religion musulmane" peut on lire sur le site de l'ONU

Lors de cette rencontre qui s'est déroulée dans la salle de l'Assemblée de l'Organisation des Nations Unies, co-organisée par le Pakistan, Atonio Guterres a émit la volonté de ne plus cantonner l'Islamophobie à une opinion populaire ou populiste dont les auteurs ne se sentent pas inquiétés par la loi, comme ils peuvent être condamnés en cas de propos antisémites, ou d'actes homophobes par exemple. 

Le secrétaire général de l'ONU a d'abord évoqué les prémices du phénomène  d'Islamophobie afin de mieux en comprendre l'origine : "C'est une partie inexorable de la résurgence de l'ethno-nationalisme, des idéologies suprématistes blanches néo-nazies et de la violence ciblant les populations vulnérables : notamment les musulmans, les juifs, certaines communautés chrétiennes minoritaires et d'autres" a t il affirmé. Il a notamment fait part de son intention de préserver les sites religieux mis en oeuvre par les Nations Unies. 

Considérant l'Islamophobie comme "une triste réalité de notre temps"Bilawal Bhutto Zardari a quant à lui tenu à rappeler l'augmentation constante de ce phénomène observé partout dans le monde, et en Europe prenant des "proportions épidémiques" à l'encontre des musulmans, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001. 

"Un récit a été élaboré et diffusé qui associe les communautés musulmanes et leur religion à la violence et au danger. Ce récit islamophobe ne se limite pas à la propagande extrémiste et marginale, mais a malheureusement été accepté par des sections des médias grand public, des universités, des décideurs politiques et de l'appareil d'État " a t il poursuivi non sans regrets. 

Aborder l'Islamophobie à travers le spectre de l'Education, c'est la méthode que propose Csaba Korosi, président de l'Assemblée générale de l'ONU pour transformer les mentalités dès le plus jeune âge : "Nous avons tous la responsabilité de défier l'Islamophobie ou tout phénomène similaire, de dénoncer l'injustice et de condamner la discrimination fondée sur la religion ou la conviction - ou leur absence" explique t il.  Ainsi au même titre que de lutter contre le racisme ou l'antisémitisme, l'école joue un rôle crucial pour inculquer le respect d'autrui quelque soit sa couleur de peau ou sa religion à travers la laïcité. Elle peut aussi condamner l'islamophobie et transmettre les valeurs de tolérance, et d'acceptation d'autrui chez les futures générations.

L'ONU a tenu a souligner l'Islam comme une religion partagée par des millions de personnes dans le monde, portail de paix, d'une diversité culturelle et de tolérance entre les peuples. "La discrimination nous diminue tous et il nous incombe à tous de nous y opposer. Nous ne devons jamais être les spectateurs du sectarisme. Tous ensemble, continuons à travailler pour faire progresser les valeurs partagées d'inclusion, de tolérance et de compréhension mutuelle - des valeurs qui sont au cœur de toutes les grandes religions et de la Charte des Nations Unies."  conclut le secrétaire général de l'ONU. 

En France, lutter contre l'Islamophobie était la principale mission menée depuis 2003 par le Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF) qui ne compte plus le nombre de fois où il a été sollicité suite à des violences, altercations ou comportements portant atteinte à la communauté musulmane. Un collectif qui a malheureusement été dissout par le Conseil d'Etat en septembre 2021 en même temps que l'ONG Baraka City. Pour son dernier rapport en 2020, le CCIF établissait un relative progression de l'Islamophobie en France : "Hélas, l’année 2019 a été marquée par une nouvelle hausse des actes islamophobes enregistrés par le CCIF. Ils ont augmenté de 17% par rapport à l’année 2018, et de 77% par rapport à 2017" déplorait son président Marwan Muhammad alors que la majorité de leurs auteurs n'étaient pas ou peu poursuivis en justice. Cette journée du 15 mars pour célébrer la lutte contre l'Islamophobie n'est pour le moment pas acté en France. 

En Europe, une étude statistique émanant de l'Islamophobie en Europe avance qu' "en 2021, un total de 171 actes anti-musulmans ont été recensés, soit une augmentation de 32 % par rapport à 2019". L'ONU interpelle les institutions européennes et françaises à travers le lancement de cette première journée du 15 mars afin qu'elles puissent reconnaître l'Islamophobie en tant qu'idéologie raciste à part entière. "Certains experts préfèrent l'étiquette « haine antimusulmane », craignant que le terme « islamophobie » ne risque de condamner toutes les critiques de l'islam et, par conséquent, puisse étouffer la liberté d'expression. Mais les droits de l'homme protègent les individus et non les religions. Et l'islamophobie peut également affecter les non-musulmans, en fonction des perceptions de la nationalité, de la race ou de l'origine ethnique." peut on lire sur le site de l'ONU.

Par Al Djawâb 

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