Sakineh M-A/ Teresa Lewis : le "deux poids deux mesures" politico médiatique

                                                        sakineh1281618255 1283866698-copie-1 

Les médias français n'auront jamais aussi bien manier l'art de la manipulation sur l'opinion publique. Leurs principales armes ? La désinformation et la dissimulation. Ce n'est évidemment pas une surprise, et l'on s'en trouverai presque habitués.

Le flagrant délit aura été la comparaison de deux affaires judiciaires similaires, à une différence près : l'une celle de Sakineh Mohammad Ashtani, iranienne de 43 ans condamnée soit disant à la lapidation pour adultère, se voit envahi par les titres, les JT et les interventions politiques visant à susciter la compassion vis à vis d'une femme subissant l'injustice d'un régime « archaique » car perçu comme le berceau de l'islamisme. A noter que tout ce qui peut permettre de dénigrer les fondements de l'Islam (ici la sharia), est bon à prendre chez nos médias, et leurs politiciens.

Tandis que l'autre rapportée par le site planetenonviolence.com (1), l'affaire Teresa Lewis, américaine d'une quarantaine d'années, et atteinte de graves troubles psychologiques, condamnée aux USA, à la peine de mort (son exécution prévue aujourd'hui même) pour le meurtre organisé de son beau fils et de son mari, n'aura retenu l'intêret d'aucun média de masse. Une affaire étoufée par un silence déconcertant, dans l'indifférence la plus totale..

Il s'agit pourtant bien de deux femmes, accusées de meurtre, et condamnés à une même peine mortelle : alors pourquoi ce tel déséquilibre ? , y aurait il chez le gouvernement Sarkozy une hiérarchie de la souffrance mortelle ? Peut être ce dernier nous dirait il : « Ah mais attendez, ne mélangeons pas tout voyons, la mort par injection létale (peine de Teresa Lewis) n'est pas aussi choquante et bouleversante que celle par lapidation (peine de Sakineh) qui, elle, en tant que loi islamique, est une peine inadmissible et barbare, et inconcevable et surtout impardonnable » Oui, peut être... Mais pour l'heure, approchons nous de cette soit disante affaire de lapidation tant décriée...

L'affaire Sakineh, l'arbre qui cache la forêt

Le cas de l'iranienne Sakineh Mohammad Ashtani, qui aurait été condamnée à la lapidation (peine islamique conforme à la sharia islamique) pour adultère, aura tenu en émoi de nombreuses personnalités artistiques et intellectuelles, et toute l'élite politique. N. Sarkozy en chef de file, confia même au cours de la conférence annuelle des ambassadeurs de France en août dernier, qu'il en ferait « une affaire personnelle », et qu'il prendrait des mesures.. Beh voyons... Tandis que ses amis, F. Fillon et Bernard Henry Lévy multiplient de leur coté les interventions sur les plateaux télés, dénonçant ce qu'ils ont joie de nommer « une condamnation barbare arriéré», assimilant leur propos à l'Islam (encore et toujours).

Pourquoi un tel élan d'humanisme tout à coup ? Est ce pour des intérêts diplomatiques que N. Sarkozy a pris cette nouvelle à bras le corps, comme pour se servir de cette affaire pour se venger des désaccords entre la France et l'Iran concernant le nucléaire ? Il faut croire que celle ci tombe comme du pain béni, pour faire pression sur le gouvernement iranien. Le site alternatif planetenonviolence.org y dénonce même une manipulation « 100% politisée ».

Est ce plutôt pour contester non plus la condamnation, mais sa nature ? Le fait que cela soit une peine de lapidation, de surcroit sur une femme voilée (avec tout les préjugés et représentations erronées qu'elle peut donner à travers son voile : sans aide, soumise, sans doute battue par son mari et qui l'a poussée finalement à le tuer, par légitime défense... On peut en imaginer tout et n'importe quoi grâce à ce que nous pondent chaque jour nos chers médias sionistes) peut donner des ailes à beaucoup, ne gâchant pour rien au monde, l'occasion de se faire le sauveur de la Femme, des griffes du grand méchant loup, banalement connu sous le nom de « islamisme ».

En attendant, le cas de Teresa Lewis ne comportant aucun élément lié à la religion musulmane, ne tend la perche à aucune remarque contre un soit disant danger de l'islamisme, alors forcément, cela perd de sa qualité, pour les médias sionistes. Et le comble de leur profession serait que l'un d'entre eux avouent ne pas avoir été au courant de la condamnation à mort de l'américaine... De toute manière, qui y croirait ?

Un festival d'affabulations

Tout ceux et celles qui ont pu suivre l'affaire, ont cru à la version instantanée des JT, et des gros titres : « Sakineh, condamnée à la lapidation pour adultère, quel scandale ! ». Et pourtant, une fois de plus, ces médias farceurs vous auront bien eu ! Aidés de leur chers complices N.Sarkozy et Bernard Henry Lévy, ils vous auront avancés de faux propos, pour peu qu'ils auraient fait l'effort d'en vérifier les sources.

C'est ce qu'à justement voulu faire Dieudonné (pas bête hein?), se rendant à Téhéran pour un projet cinématographique, en profita pour s'entretenir avec le vice président iranien du conseil de la magistrature et porte parole du ministère de la Justice, Ali Zadeh, qui a démenti la plupart des informations confirmées par BHL et N.Sarkozy. Notamment le fait que Sakineh n'a pas été condamnée pour adultère mais pour meurtre, et que sa peine n'est pas la lapidation (loi islamique renversée pendant la révolution Islamique d'Iran) mais la pendaison, peine de mort pratiquée en Iran.

Le fait aussi que la République Islamique d'Iran ne base pas ses lois sur la sharia, mais sur un vote des représentants du peuple au sein du Parlement. Il n'a jamais été question de l'exécuter à la fin du mois de ramadhan, et la condamnée bénéficie de la présomption d'innocence, en attendant son jugement, étudié par la Cour de Cassation.

Le « deux poids deux mesures » politico-médiatique

Il s'agit pourtant bien de deux femmes condamnés à une peine de mort pour meutre, alors pourquoi constater un tel tapage chez les médias et le gouvernement pour le cas de cette iranienne, lui consacrant marche solidaire, pétition nationale etc, au détriment du cas Teresa Lewis, qui mériterait à mon sens, une attention toute aussi particulière.

Il est indéniable que derrière ce deux poids deux mesures, se cache une stratégie du traitement de l'information d'une part, et d'autre part nul doute que les partisans de l'idéologie sioniste y trouvent un moyen d'y véhiculer leur propagande, quitte à perdre en crédibilité.

P. Bourdieu disait ; « La télé a cette propriété qu'elle montre mais on peut paradoxalement cacher en montrant : en montrant autre chose que ce qu'il faudrait montrer, si l'on est censé informer, de telle manière que ce qui est montré ne corresponde pas à la réalité ». On reconnaît ici le coté visionnaire du sociologue, qui nous rappelle la devise des médias actuels.

Ceci étant dit, l'affaire n'aurait peut être pas été autant un fiasco médiatique, si BHL n'avait pas rajouté son grain de sel, en bon sioniste qu'il se revendique, ne défendant la dignité humaine que lorsque ça l'arrange on dirait.

Un article de Thierry Meyssan, intitulé Le scandale Sakineh, rapport de BHL des propos mielleux : « Pourquoi la lapidation ? N’y a-t-il pas, en Iran, d’autres manières de donner la mort ? Parce que c’est la plus abominable de toutes. Parce que cet attentat contre le visage, ce pilonnage de pierres sur un visage innocent et nu, ce raffinement de cruauté qui va jusqu’à codifier la taille des cailloux pour s’assurer que la victime souffre longtemps, sont un concentré rare d’inhumanité et de barbarie. Et parce qu’il y a, dans cette façon de détruire un visage, de faire exploser sa chair et de la réduire en un magma sanglant, parce qu’il y a dans ce geste de bombarder une face jusqu’à ce que bouillie s’ensuive, quelque chose de plus qu’une mise à mort. La lapidation n’est pas une peine de mort. (...)» 

Si seulement il se montrait aussi déterminé à défendre les palestiniens bombardés, torturés et massacrés de toute part à Gaza, par l'armée israélienne de Tsahal qu'il soutient sans complexe. Quel grotesque double discours ! Ou plutôt quelle ribambelle d'hypocrisie ! Mais venant de la part d'un collab complice du pillage colonial juif et au génocide palestinien, ce serait presque une fierté.

Dans son site « revue », appelé « la règle du jeu », il invite ses connaissances celèbres à rédiger une lettre de soutien à Sakineh. La plus récente en date, celle de la chanteuse nana mouskouri superposant le cas de la jeune femme, à celui de toute la gente féminine.. : « Sakineh, tu es la victime exemplaire de l’injustice envers la Femme». N' exagérons rien nana..

Et Fillon, de passage sur france 2, tel un philantrope, lance au nom des français : « Sakineh est notre soeur à tous »... Euh, vous oubliez tout de même que cette dame n'est pas blanche comme neige dans l'histoire.. Elle n'a peut être pas reçu d'amende pour port du niqab dans la rue (que vous auriez surement condamner fermement n'est ce pas), mais elle est quand même auteur du meurtre de son mari.. Ne nous laissons pas submerger pas nos émotions... Nos larmes risqueraient de nous aveugler...

Les connivences politiques très étroites avec les médias, expliqueraient ce double usage de l'information et dans la hiérarchie que ces derniers en font. Malheureusement, l'affaire Sakineh n'est pas exceptionnelle dans le monde (la preuve avec celle de Teresa Lewis) et pourtant il suffit d'allumer sa télé à l'heure du JT, pour déplorer le manque de discernement de la part des journalistes, et s'amuser à énumérer toutes les informations importantes qui sont passés à la trappe, et surtout la place considérable accordée à la cause israélienne.

Cessons donc d'être dupes et retirons un peu nos œillères, peut être qu'on y verra plus clair...

Par  Al Djawâb

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article