Violences conjugales : une caméra cachée dévoile le deux poids/deux mesures

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La violence conjugale a longtemps été un sujet tabou en France, et encore aujourd'hui dans certaines sociétés, car la majorité des victimes refusaient de porter plainte, par peur des représailles ou simplement par honte. 121 femmes ont succombé sous les coups de leur conjoint en 2013 en France, 25 étaient des hommes, selon une étude publiée en mai 2014 par les Ministères de l'Intérieur et des Droits des Femmes.

Un combat exclusivement féministe ?

Nombreuses ont été les campagnes publicitaires ayant pour but de sensibiliser les gens à la gravité du phénomène, notamment ce spot datant de 2012 où l'on voit cette femme qui s'est prise en photo chaque jour pendant un an, et dont le visage révèle petit à petit les traces de coups portés par son conjoint.

Sans compter le travail des associations féministes comme SOS FEMMES, ou encore Femmes solidaires qui visent à lutter contre toutes les formes d'injustices faites aux femmes, et surtout les violences conjugales. Pourtant, au sein des couples, ce n'est pas systématiquement l'homme qui est coupable de maltraitance envers sa compagne.

Il est vrai que dans l'inconscient collectif, ce type de violence concerne essentiellement des femmes qu'il faut défendre, considérées comme impuissantes face à leur agresseur. La communication des féministes autour de ce phénomène était telle qu'il n'était pas question d'imaginer le scénario inverse.

Cela a eu pour effet de renforcer l'idée dominante qui consiste à considérer « scandaleux », « injuste » , « lâche » qu'une femme soit battue par son mari, qu'il faut la sauver de cet homme. Mais que l'homme, en tant que « sexe fort », ne peut être victime de cela, et de toute façon, par nature, il pourra toujours se défendre tout seul face à une femme.

Or ce n'est pas toujours le cas. Aussi surprenant que cela puisse paraître, chaque année en France, 110.000 hommes sont battus par leur compagnes, selon l'Observatoire de la Délinquance. Moins de 5% d'entre eux osent porter plainte. Et pour ces victimes, une double peine : Celle de devoir subir en silence ces violences, car la majorité craignent d'être moqués s'ils venaient à l'avouer à leur entourage. Et celle de ne pas se sentir écouté et pris au sérieux, au même titre que les femmes, dans une société qui est censé promouvoir l'égalité des sexes.

A la souffrance quotidienne s'ajoute une pression psychologique de la part de la société pour ces hommes battus. Heureusement, de plus en plus de sites défendant la cause masculine face aux violences fleurissent sur le net comme SOS Hommes battus. Au delà de partager les études faites à ce sujet, ils visent aussi à montrer que, finalement, il ne s'agit pas d'un combat exclusivement féministe.

Réagissons nous de la même manière lorsqu'un homme frappe sa femme et vice versa ?

C'est malheureusement loin d'être le cas, comme nous le prouve cette caméra caché réalisée par une association caritative britannique Mankind Initiative en pleine journée dans les rues de Londres. On y découvre deux versions d'une même scène de ménage : d'abord un homme qui violente sa femme, puis c'est la femme qui violente son conjoint.

On peut y voir la stupéfiante réaction des passants : d'une part, prêts à intervenir spontanément pour sortir la comédienne des griffes de son bourreau,  et puis lorsqu'on décide d'inverser les rôles, les vives réactions précédentes laissent place à une triste passivité, entre sourires et regards curieux...

En Angleterre, pas moins de 40% des victimes de violences conjugales sont des hommes. "La violence est la violence, quelle que soit sa cible", conclut Mankind InitiativeC'est justement pour mesurer l'ampleur de l'inégalité de traitement selon que la victime de violences conjugales est un homme ou une femme que cette vidéo choc a été réalisée. Et elle n'est d'ailleurs pas la seule, puisque d'autres organismes comme OckTV ont rejoint la cause et ont eux aussi tenus à secouer la société face à ce deux poids deux mesures.

Espérons qu'à terme, ces initiatives puissent faire évoluer les mentalités. A noter que le 3919 est mis a disposition de toute victime de violence conjugale, ainsi qu'une plateforme officielle permettant d'accompagner les victimes et les soutenir psychologiquement : stop-violences-femmes.gouv.fr

Par Al Djawâb

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