RAMADAN : Que faire lorsque l'Aid al Fitr tombe le même jour que celui de la prière du vendredi, salât Joumou'a ?

Le mois béni de Ramadan touche déjà à sa fin. Et il semblerait que la nuit du doute (laylat chek) soit le jeudi 20 avril après la prière du Maghrib afin de déterminer par observation télescopique la présence ou non du nouveau croissant de lune (Hilâl) marquant ainsi la fin du Ramadan et le début du mois suivant de Chawwâl.

Si le Hilâl a été clairement aperçu lors de cette nuit de doute alors on clôture ce mois béni à 29 jours. Si, au contraire il n'a pas été observé dans le ciel parmi les nuages alors cela confirmera la fin du Ramadan à J30 et reportera le jour de l'Aid al Fitr au lendemain. Cette année, il se peut que le jour de l'Aid al Fitr tombe soit le vendredi 21 avril (à J29) soit le samedi 22 avril (à J30). 

Pourtant, dans un communiqué officiel publié jeudi 13 avril, la Grande Mosquée de Paris a déjà confirmé la date de la fête de la rupture du jeûne au vendredi 21 avril 2023. L'Aid al Fitr devrait ainsi coïncider avec le jour du vendredi.

Le jour du Vendredi est considéré en Islam comme le meilleur jour de la semaine et l'importance d'accomplir à la mosquée la prière du Joumou'a est essentielle pour le musulman. Allah 'azzawajel dit dans le Saint Coran : "Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la Salât du jour du Vendredi, accourez à l'invocation d'Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez !" (Sourate Le Vendredi 62 Verset 9). Elle est une obligation canonique pour tout musulman. 

De ce fait, que faire lorsque la prière de l'Aid al Fitr tombe le même jour que la prière hebdomadaire du vendredi à la mosquée ? Peut on cumuler la prière de l'Aid al Fitr et celle du Joumou'a ? Bon nombre d'éminent savants de l'Islam ont veillés à apporter des avis différents sous forme de fatawas en s'appuyant sur des hadiths issus de la tradition authentique (sounnah).

Cheikh Al Islam ibn Taymiya (qu'Allah lui Fasse Miséricorde) a dit : "L’avis juste est que celui qui a assisté à la prière de l'Aid n’est pas tenu d’assister au joumou’a mais l’imam doit tout de même prier le joumou’a afin qu’y assistent ceux qui le souhaitent et ceux qui n’ont pas assisté a la prière de l’Aïd. Ceci est ce qui est rapporté du Prophète Muhammad ﷺ et de ses compagnons (qu’Allah les agrée) comme ‘Omar, ‘Othmane, Ibn Mas’oud, Ibn ‘Abbas, Ibn Zoubayr et d’autres et il n’y a pas de divergence connue entre les compagnons du Prophète (sallAllahou ‘ alayhi wa salam) sur cela". (Majmou’ Al Fatawa 24/211).

Quant à Cheikh Ibn Bâz (qu'Allah lui Fasse Miséricorde), il réponds : "Ce qui est légiféré pour les musulmans si l`Aïd coïncide avec un vendredi est d’accomplir la prière de l'Aïd ainsi que la prière de Joumou'a dans les mosquées où est célébrée la prière de Joumou'a (habituellement). Et, il est permis pour celui qui a assisté à la prière de l’Aïd de délaisser la prière de Joumou'a et de se contenter de la prière de Dhor, d’après les Hadiths suivants : D’après Zayd ibn Arqam (qu’Allah l’agrée) : Le Prophète Muhammad ﷺ a accompli la prière de l’Aïd puis a facilité le Joumou’a en disant : « Que celui qui veut accomplir la prière, l’accomplisse ». (Rapporté par les cinq cheikhs sauf at-Tirmidhi, et authentifié par Al Hâkim et ibn Khouzayma)- Extrait tiré de « Majmou' Fatawa » - Volume 4, Page 504, Fatwa No. 556. "En ce qui concerne l’imam de la mosquée il doit accomplir la prière du vendredi si au moins trois personnes y assistent avec lui, s’ils ne sont que deux il doit se contenter d’accomplir la prière du Dhor." poursuit il. 

Réponse de Cheikh Ibn Otheymine (qu'Allah lui Fasse Miséricorde) : "Dans ce cas-là il faut effectuer la prière de l'Aid et celle du vendredi, comme le faisait le Prophète Muhammad ﷺ. Puis ceux qui ont assisté à la prière de la fête peuvent être dispensés d’être présents à la prière du vendredi, par contre ils devront prier le Dhor, car c’est une prière prescrite à ce moment là, et on ne peut la délaisser." Extrait de « Questions & Réponses concernant La Prière des 2 fêtes ».

La majorité des savants s'accordent à dire qu'il n'est pas permis de délaisser la prière du Vendredi, notamment dans les grandes villes, et dans les cas où le musulman en est dispensé, il se doit néanmoins d'accomplir la prière médiane du Dhor. A ce propos, les deux imams Mâlik et Al Boukhâri rapportent qu’Abou ‘Oubeyd, l’affranchi d’ibn Azhar, a dit : "J’ai assisté à la prière de l’Aïd avec ‘Othman ibn ‘Affan, c’était un jour de vendredi. Il pria avant le sermon, puis prononça le sermon et dit : "Ô gens ! Pendant ce jour, deux fêtes se sont réunies pour vous. Quiconque parmi les habitants des environs de Médine « al-awali » souhaite attendre la Prière du vendredi qu’il attende, et quiconque souhaite rentrer chez lui qu’il rentre ".

Par conséquent, et à la lumière de ces fatawas, nous pouvons conclure que quiconque a accompli la Prière de l’Aïd ne peut être dispensé de la Prière du vendredi. Quiconque dont les circonstances ne lui permettent pas d’accomplir la Prière du vendredi se doit malgré tout d’accomplir celle du Dhor (prière médiane) chez lui. De leur côté, les imams se doivent d’accomplir la Prière du vendredi afin que ceux qui le souhaitent et ceux absents de la prière de l'Aid puissent l'accomplir. Le fait d’avoir dirigé les gens pendant la Prière de l’Aïd ne les dispense pas de la Prière du vendredi conformément aux propos du Prophète ﷺ : "Quant à nous, nous allons célébrer la Prière du vendredi" alors qu'il présidait ce jour là la Prière de l’Aïd et la Prière du vendredi.

Enfin, la dispense de la Prière du vendredi concerne uniquement ceux qui rencontrent des circonstances exceptionnelles qui ne leur permettent pas d’accomplir la Prière de l’Aïd et celle du vendredi, à l’instar des travailleurs qui n’ont pu obtenir de jour de repos pour l’occasion, ou ceux qui sont obligés à aller chercher leurs sacrifices très loin (pour l'Aid al Adha - fête du sacrifice), ce qui leur rend gênant et difficile le fait de se rendre à la Prière du vendredi, auquel cas, ils devront simplement accomplir la Prière du Dhor chez eux. Et Allah Sait Mieux.
 

Par Al Djawâb