Sénégal : Des manifestations et affrontements en soutien à l'opposant Ousmane Sonko ont fait 16 morts à Dakar

Depuis le début du mois de juin, le Sénégal est en proie à une crise politique sans précédent à 9 mois de la prochaine élection présidentielle. Jeudi 1er juin, des milliers de citoyens se sont rassemblés à Dakar pour soutenir le candidat opposant Ousmane Sonko et contester sa récente condamnation. Des manifestations se sont déroulées tout au long de la semaine et qui ont rapidement virés en affrontements entre civils et forces de sécurité faisant état d'un total de 16 morts et autant de blessés graves.

Un soulèvement du peuple qui résulte d'un mécontentement suite à l'interpellation d'Ousmane Sonko le 28 mai dernier. Ramené de force à Dakar, l'opposant est aujourd’hui bloqué chez lui par les forces de l’ordre pouvant être arrêté à tout moment. Deux jours plus tard, Ousmane sort de son silence et se dit "séquestré" par les autorités sénégalaises. En riposte, il a appelé ses compatriotes à sortir manifester "massivement"

Suite à cela, des affrontements ont éclaté jeudi au Sénégal, en particulier dans la capitale, Dakar, ainsi qu'à Ziguinchor, dans le sud du pays ayant causé neuf victimes selon un bilan dressé par le ministre de l'Intérieur Antoine Diome. Des groupes de jeunes ont notamment affronté les policiers au sein de l'université de Dakar, devenue un champ de bataille.

Partisan d'Ousmane Sonko dans les rues de Dakar le 1er juin 2023

Vendredi soir, le lendemain, des heurts ont de nouveau opposé de petits groupes de jeunes manifestants aux forces de l'ordre à Dakar, dans la banlieue de la capitale et dans le sud du pays. Le ministère de l'Intérieur a recensé "six décès" dans la journée du 2 juin. Des affrontements de moindre intensité ont fait une nouvelle victime samedi, toujours selon le ministère, portant à 16 le nombre de morts depuis jeudi.

Accusé de viols et de menaces de mort sur Adji Sarr, une employée d'un salon de beauté où il se rendait régulièrement entre 2020 et 2021, le nouveau candidat à la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko a été condamné à 2 ans de prison par une chambre criminelle au Sénégal. Pourtant relaxé par la Cour sur ces faits, celle-ci maintient sa condamnation et le juge coupable de "corruption de la jeunesse", un délit punissant la débauche d'un jeune de moins de 21 ans. 

"Je suis persécuté par la justice sénégalaise comme jamais un homme politique n’a été persécuté", affirmait-il le 1er mai. Farouche adversaire du Président sénégalais actuel Macky Sall 61 ans, au pouvoir depuis avril 2012, Ousmane Sonko dénonce un complot monté par l'Etat afin de l'éliminer du paysage politique à l'approche des élections présidentielles prévues le 25 février 2024.

Ousmane Sonko, 48 ans, leader du parti PASTEF et candidat opposant à l'élection présidentielle au Sénégal

Une décision de justice mettant en péril son éligibilité au pouvoir, alors que la majorité des sénégalais pour la plupart des jeunes espèrent en Ousmane Sonko 48 ans, la possibilité d'un avenir meilleur pour leur pays et n'hésitent pas à braver les autorités dans la rue pour montrer leur soutien. En 2022, le sociologue Alioune Tine, spécialiste des droits humains et membre de la société civile sénégalaise, soulignait sur TV5 Monde que "les jeunes  adhèrent au discours d’Ousmane Sonko" car ils "s’identifient" à lui et sont "convaincus" par son programme, qui porte des thématiques qui les "touchent particulièrement".

En 2019, alors qu'il se présente pour la première fois comme candidat aux élections présidentielles à seulement 44 ans, Ousmane Sonko devenait le plus jeune visage politique au Sénégal finalement arrivé troisième et battu par Macky Sall (15% contre 58% des voix). Décrit à l’époque comme l’"étoile montante de la politique sénégalaise" par Le Monde, Ousmane Sonko se revendique antisystème et multiplie les critiques contre une élite qu’il juge "corrompue" et "vendue aux intérêts étrangers"

Son parti baptisé PASTEF fondé en 2014 a exhorté dimanche les Sénégalais "à se défendre par tous les moyens et à riposter" face à "la répression meurtrière des forces de défense et de sécurité". Le gouvernement - qui a coupé les réseaux sociaux dans le pays - a pour sa part dénoncé les "actes de vandalisme et de banditisme" commis par les partisans d’Ousmane Sonko.

Par Al Djawâb

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article