Palestine : Le policier israélien ayant assassiné en mai 2020 l'autiste Iyad Al Hallaq, 32 ans, sort acquitté du tribunal de Jérusalem

Une décision de justice qui fait écho à une impunité presque totale des responsables israéliens d'actes criminels et d'oppression sur le peuple palestinien. Alors qu'en début de semaine, l'armée israélienne a envahit la ville de Jénine, en Cisjordanie, sous juridiction palestinienne, où la violence continue de faire rage contre les habitants. 

Ce jeudi 6 juillet, un policier comparait devant un tribunal israélien à Jérusalem, alors qu'il était mis en examen pour "homicide involontaire" ayant entraîné la mort tragique d'un jeune autiste palestinien de 32 ans, Iyad Al Hallaq, survenu le 30 mai 2020.

Au moment des faits, alors qu’il marchait dans Jérusalem-Est sous occupation illégale, Iyad Al Hallaq, atteint du trouble du spectre autistique, avait été abattu par des policiers qui l’avaient pris par erreur pour un assaillant armé. Il n'en est rien puisque totalement sans défense, le jeune homme autiste se rendait à son école spécialisée, et voyant les coups de feu arrivé a dû se cacher derrière une poubelle pour sauver sa vie.

Selon l'avocat de la défense, M. Hallaq avait suscité la méfiance des officiers alors qu’il se tenait à proximité d’un poste de la police des frontières, près de la vieille ville de Jérusalem. Les officiers se sont approchés de lui et lui ont crié de s’arrêter, ce qui a poussé le jeune autiste, pris de panique, à s’enfuir en courant, a ajouté le tribunal. L’accusé l'a poursuivi et un autre agent a tiré en direction des jambes du Palestinien, mais l’a manqué, toujours selon le tribunal.

Iyad s'est alors réfugié dans une ruelle, où l’accusé lui a volontairement tiré dessus et l’a blessé à la jambe. Le jeune homme s’est alors levé et a pointé du doigt une femme qu’il connaissait et qui s’était précipitée sur les lieux, il s'agissait de sa professeure. Le policier israélien a alors profité de cette dernière action d'Iyad pour lui tirer une balle mortelle en pleine poitrine, celui-ci s'est écroulé sur le coup. 

À l’époque, le président palestinien Mahmoud Abbas avait qualifié sa mort de "crime de guerre" et d’"exécution". Ses funérailles ayant réuni des milliers de personnes, sur les réseaux sociaux le hashtag #PalestinianLivesMatter renvoyait à la fureur des manifestations contre les violences policières et le racisme aux États-Unis après l'assassinat de George Floyd tué le 25 mai 2020 par un policier américain.

3 ans plus tard c'est le procès, et le tribunal du district de Jérusalem a finalement prononcé l'acquittement de l'accusé du chef d’ "homicide par imprudence" au motif de négligence. Le policier jugé "a commis une erreur honnête en pensant qu’il avait affaire à un terroriste armé qui représentait un réel danger", a déclaré le juge, soulignant que le présumé avait exprimé des "remords" pour son erreur. Un verdict surréaliste qui permet au policier assassin de ressortir du tribunal libre et blanchi de toute condamnation pénale. 

La famille d’Iyad, autiste depuis son enfance, avait pourtant affirmé que ce dernier avait l’âge mental d’un enfant de huit ans, et des témoins ont expliqué que le jeune homme avait été pris de panique après que la police lui eut crié dessus. Le policier a été inculpé en juin 2021, le ministère de la justice ayant déclaré en octobre précédent qu’il n’avait pas respecté les consignes de la police pour ouvrir le feu et que M. Al Hallaq n’avait "représenté aucun danger pour la police ou les civils présents sur les lieux". 

Dévastée après l'annonce de l'acquittement de l'assassin de son fils, la maman d'Iyad , septuagénaire, ressort du tribunal avec un profond sentiment d'injustice qui l'empêche de faire dignement son deuil, 3 ans après le drame. Face à la caméra d'un journaliste, comme un cri du cœur, elle lance avec désespoir "Je suis forte ! Je suis forte !" avec la conviction inébranlable que la justice divine se chargera du policier qui lui a pris son enfant. 

"Il n’y a pas de justice sous occupation. C’est une tragédie qui reflète l’impunité israélienne", s’insurgent des Palestiniens sur les réseaux sociaux. "C’est inacceptable, mais malheureusement ce n’est pas surprenant. Il n’y a rien à attendre de la justice israélienne", ajoutent d’autres. À la sortie de l’audience, face aux caméras, l’avocat de la famille Al Hallaq Maître Khaled Zabarqa rappelle les faits : "Le policier israélien a tiré à deux reprises sur Iyad. Une fois à terre, une troisième balle l’a achevé"   

Les Palestiniens se plaignent depuis longtemps de la partialité des tribunaux en faveur des soldats israéliens. Selon les données recueillies par l’organisation israélienne de défense des droits humains Yesh Din, entre 2017 et 2021, les chances qu’une plainte aboutisse à une inculpation d’un soldat pour avoir blessé un Palestinien sont inférieures à 1 % et seulement 4,4 % des dossiers ouverts ont abouti à une condamnation.

Par Al Djawâb

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